La France et l’Europe au service des compagnies étrangères au détriment des compagnies européennes

A chaque assemblée générale de l'Association du transport aérien international (IATA), le même constat est dressé. Alors que les compagnies aériennes des marchés émergents affichent une croissance à deux chiffres et multiplient les commandes d'avions, les compagnies européennes constatent que les politiques publiques de la France et l'Union européenne défavorisent les compagnies européennes au profit de leurs concurrents. Les taxes françaises et européennes s’appliquent sur le premier tronçon vers le hub des compagnies non européennes telles que Turkish ou les compagnies du Golfe et pas sur le tronçon suivant. Ces mêmes compagnies bénéficient de droits de trafic concédés au détriment des compagnies notamment françaises. Ben Smith argumente : « Quand Air France commande des Airbus, cela fait des emplois en France, non seulement pour les fabriquer, mais aussi pour les exploiter, souligne-t-il. Mais quand c'est une compagnie étrangère qui achète des Airbus et qui obtient des droits de trafic supplémentaires, cela se traduit par un transfert d'activité, au détriment d'une partie de l'emploi en France. » « Il est frustrant de constater qu'il manque en Europe le leadership pour nous permettre de nous battre à armes égales avec la concurrence. Nous étions en avance dans le transport aérien et maintenant, nous sommes en train de mettre en péril ce que nous avions construit. Si on ne change pas de politique, la France et l'Europe risquent de tomber à un point de non-retour »

L'analyse de l'APNA:

Pour Ben Smith, le recul constant de la part de marché du « pavillon français » sur le trafic aérien en France prouve que ses craintes sont bien fondées : « Depuis une vingtaine d'années, la part de marché des compagnies françaises en France recule de 1 % à 2 % par an », passant de 57% en 2003 à 37% en 2024. Et si le trafic d'Air France-KLM continue malgré tout à croître, avec la hausse de la demande mondiale, la croissance de ses principaux concurrents est considérablement plus forte. Entre 2005 et 2024, l'offre de sièges d'Air France-KLM en long-courrier a ainsi augmenté de 14 %. Mais sur la même période, l'offre de Turkish Airlines a progressé de 756 %, celle d'Emirates de 357 % et celle de Qatar Airways de 914 %. A cela s'ajoute la progression encore plus forte des compagnies low cost en Europe, que Benjamin Smith estime aussi injustement favorisées par la Commission européenne. De 2005 à 2024, l'offre de Ryanair a augmenté de 570 % et celle d'easyJet de 349 %, quand l'offre moyen-courrier d'Air France-KLM diminuait de 6 %. « Cela n'empêche pas Ryanair d'aller réclamer à Bruxelles, au nom de la concurrence, des compensations pour chaque opération de consolidation que nous voudrions réaliser », s'insurge le patron d'Air France-KLM

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/nous-mettons-en-peril-ce-que-nous-avons-construit-le-coup-de-gueule-du-patron-dair-france-klm-contre-la-france-et-leurope-2168458

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