Le pointage biométrique des contrôleurs : un enjeu de sécurité et d’efficacité

Un décret publié au Journal officiel rend obligatoire le pointage biométrique des contrôleurs aériens à la prise de poste. Cette mesure, validée par la CNIL, vise à garantir la traçabilité et la présence effective des aiguilleurs du ciel, après l’incident grave de Bordeaux en 2022 où deux avions avaient failli se percuter à cause d’absences non justifiées. Le système SPS (« Système de vérification de la présence sur site ») sera généralisé d’ici fin 2025 dans les grands centres.

Depuis longtemps critiqué pour son opacité et ses « arrangements internes » tolérés par l’administration, le contrôle aérien français voit ainsi ses pratiques encadrées. La Cour des comptes avait déjà dénoncé dès 2010 l’informalité de ces absences, qui ajoutées aux 300 jours de grèves en 20 ans, loin devant la Grèce (50 jours) ou l’Italie (40 jours), a coûté des centaines de millions aux compagnies et a perturbé des millions de passagers.

Le ministère insiste sur la sécurité des passagers, tandis que les syndicats dénoncent une « surveillance généralisée » et une remise en cause de la confiance.

L'analyse de l'APNA:

Cette réforme était inévitable. Les contrôleurs aériens bénéficiaient depuis des décennies d’une organisation du travail largement autogérée, sans traçabilité, où les absences pouvaient être tolérées au gré des chefs d’équipe. Cette culture de l’opacité a débouché sur des situations dangereuses, comme le quasi-accident de Bordeaux en 2022, qui a été l’élément déclencheur.

La loi Capo-Canellas (Loi "Diard" étendue en 2024 aux contrôleurs) avait déjà apporté un premier pas vers plus de transparence en obligeant les déclarations préalables de grève. Le pointage biométrique en est le prolongement logique : il ne s’agit pas de « fliquer » les personnels, mais de garantir que les effectifs prévus sont bien en salle de contrôle au moment où la sécurité du trafic l’exige.

Face aux syndicats qui parlent de défiance, rappelons que toutes les alternatives ont échoué : le ministère, la Cour des comptes et le BEA convergent dans leur constat d’un système qui n’assurait pas sa mission de service public. La comparaison avec d’autres professions soumises à des responsabilités vitales (chirurgiens, pompiers, pilotes de ligne) est éclairante : dans toutes, la présence effective est une exigence incontournable.

Enfin, il faut replacer ce débat dans le contexte européen. La France est le principal pays à bloquer la mise en œuvre du Ciel unique européen, qui permettrait une optimisation des trajectoires aériennes et une réduction estimée à 12 % de la longueur moyenne des vols, soit autant de CO₂ économisé. Cette résistance pénalise à la fois la compétitivité des compagnies européennes et les objectifs climatiques de l’aviation.

Source : https://www.air-journal.fr/2025-09-08-controleurs-aeriens-le-pointage-par-biometrie-officialise-5265213.html

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