Distorsion de concurrence : l’aéroport d’Istanbul au sommet

En août 2025, le trafic passagers européen a progressé de 5 % selon ACI Europe, confirmant la vigueur du transport aérien sur le continent. Ce dynamisme est avant tout tiré par les plateformes turques, qui dominent le classement : Istanbul Sabiha Gökçen enregistre une hausse spectaculaire de +21,5 %, et Istanbul Airport gagne +6,8 %, atteignant le record historique de plus de 8 millions de passagers en un mois, à l’égal de Heathrow. Ces deux plateformes turques, situées hors de l’espace de régulation européen, affichent une croissance bien supérieure à celle des hubs soumis aux contraintes fiscales, environnementales et sociales de l’Union européenne.

Les aéroports d’Europe occidentale progressent plus modérément (+4 à +6 %), tandis que les plateformes régionales d’Europe centrale et méditerranéenne poursuivent leur montée en puissance. Le fret, en revanche, recule de 5,8 %, bien que restant supérieur à ses niveaux pré-Covid.

L'analyse de l'APNA:

Les résultats exceptionnels des aéroports d’Istanbul illustrent de manière éclatante le déséquilibre croissant entre les plateformes européennes régulées et les grands hubs extérieurs à l’UE.

Istanbul Airport et Sabiha Gökçen bénéficient d’un environnement fiscal, social et réglementaire assoupli, libéré des contraintes imposées par la Commission européenne :

  • Absence de quotas carbone et de contribution au système ETS européen ;

  • Flexibilité du droit social et des redevances aéroportuaires ;

  • Politique d’État volontariste soutenant la croissance de Turkish Airlines et Pegasus.

Pendant ce temps, les aéroports européens de l’Ouest — Paris-CDG, Amsterdam, Francfort, Madrid — voient leur compétitivité bridée par une accumulation de taxes, de redevances environnementales et de limitations decapacités au nom du « Green Deal » ou de la « sobriété aérienne ».

Le contraste est saisissant : hors UE, Istanbul et les grands hubs du Golfe (Doha, Dubaï) poursuivent leur expansion en captant le trafic long-courrier et les correspondances, pendant que les plateformes de l’UE stagnent sous le poids d’une réglementation tatillonne.

Cette divergence traduit un choix politique : l’Europe a décidé de freiner son transport aérien, alors que ses voisins, eux, en font un levier stratégique de développement et de puissance. Les émissions de CO2 ne diminuent pas, elles sont juste délocalisées.

Source : https://www.air-journal.fr/2025-10-14-trafic-passagers-europeen-forte-poussee-en-aout-tiree-par-istanbul-et-le-low-cost-5266454.html#:~:text=Portés%20par%20la%20vitalité%20du,International%20Europe)%20le%2013%20octobre

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