Décrochage du trafic aérien français face aux pays touristiques concurrents

Alors que l’Italie, l’Espagne et le Portugal enregistrent une croissance à deux chiffres de leur trafic aérien (+13 à +17 % par rapport à 2019), la France affiche une baisse de 4 % par rapport à 2019. Ce décrochage n’est ni un hasard ni une conséquence de la conjoncture : il est le fruit d’une politique volontaire de décroissance du transport aérien, unique en Europe. Alors que nos voisins misent sur l’attractivité et la connectivité pour relancer leur économie touristique, la France s’enferme dans une logique punitive.

En parallèle, la CPME, la FNAM, l’UAF et les représentants du tourisme alertent sur les effets économiques dévastateurs des décisions fiscales à l’étude pour le budget 2026. Les nouvelles taxes prévues sur les vols domestiques (TICPE, doublement de la TVA, taxe IDF Mobilités) s’ajouteraient à une hausse déjà massive des coûts en 2025 (1,3 milliard €), portant le total des prélèvements à près de 5 milliards d’euros. Ces mesures interviennent alors même que les compagnies aériennes françaises portent encore une dette de 12 milliards d’euros liée au Covid.

L'analyse de l'APNA:

La France est en train de saborder sa connectivité aérienne intérieure au nom d’une transition écologique dogmatique, inefficace et contre-productive. À rebours de la réalité économique et des besoins de mobilité des territoires, l'État applique une fiscalité discriminatoire qui ne s’attaque qu’aux lignes domestiques – les seules sur lesquelles il a la main, les vols internationaux étant protégés par la convention de Chicago et les règles européennes de TVA.

Le résultat est doublement contreproductif :

  • Un transfert d’activité hors de France : les compagnies réorientent leurs vols vers l’international où les coûts sont moindres, au détriment des régions françaises et de leur économie touristique.

  • Aucune réduction des émissions : les passagers ne renoncent pas à voler, ils partent d’ailleurs. Pire, ces transferts augmentent les distances parcourues et donc les émissions globales.

Face à ce constat, même le ministre des Transports Philippe Tabarot reconnaît que la pression fiscale “a porté atteinte à la dynamique de l’offre française”, en soulignant que la France enregistre l’un des plus faibles taux de croissance de l’offre aérienne en Europe (+2,8 % seulement), très loin derrière la Grèce (+36 %), la Turquie (+27 %), l’Italie (+18 %) ou l’Espagne (+13 %). Il ajoute lucidement que ce n’est « probablement pas un hasard ».

Le ministre affirme aussi que l’aérien est un atout stratégique pour la France, rappelant que « ce n’est pas en surtaxant nos compagnies que nous ferons émerger des avions zéro émission », mais bien en finançant l’innovation, la recherche et les carburants durables (SAF).

Le transport aérien contribue à hauteur de 23 milliards d’euros aux recettes touristiques françaises, soit près de 40 % du total. Fragiliser ce secteur, c’est affaiblir l’hôtellerie, la restauration, la culture, l’artisanat et des milliers de PME en régions. Tant que les prélèvements ne sont ni réinvestis dans la filière, ni coordonnés au niveau européen, la France continuera de décrocher. Il ne s’agit pas de protéger l’aérien par idéologie, mais de préserver un outil fondamental de souveraineté, d’attractivité et de transition qui accessoirement permet de financer la décarbonation d’autres secteurs.

Source : https://www.lechotouristique.com/article/aeroports-la-france-en-decrochage-face-a-ses-voisins

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