Une coalition fiscale internationale punitive contre le transport aérien haut de gamme
Lors de la conférence internationale de l’ONU sur le financement du développement, la France s’est jointe à sept autres pays pour lancer une coalition de solidarité visant à instaurer une fiscalité spécifique sur les billets de Première, de Business, ainsi que sur les jets privés, avec pour objectif de mobiliser jusqu’à 187 milliards d’euros par an pour le financement climatique et la solidarité internationale.
Cette initiative, soutenue par la Commission européenne et la Global Solidarity Levies Task Force, est saluée par des ONG comme Greenpeace, qui appellent à une mise en œuvre avant la COP30 au Brésil. Elle réunit des pays aux profils très disparates : France, Espagne, Kenya, Bénin, Sierra Leone, Somalie, Barbade et Antigua-et-Barbuda.
L'analyse de l'APNA:
Cette annonce illustre à nouveau la tentation récurrente de transformer l’aérien en bouc émissaire fiscal, alors même qu’il constitue un outil vital de connectivité, de commerce, de souveraineté et d’innovation.
Selon l’IATA, la taxe envisagée sur les passagers premium représenterait 78 milliards d’euros par an, soit presque trois fois les bénéfices mondiaux du secteur, qui tourne avec des marges faibles (3,4 % en 2024). Un prélèvement de cette ampleur menacerait directement la capacité d’investissement du transport aérien dans sa transition écologique, évaluée à 4 700 milliards de dollars cumulés à l’horizon 2050.
Au-delà, le projet révèle deux incohérences majeures :
L’aérien est par nature un secteur délocalisable. Taxer unilatéralement, sans coordination internationale mondiale, revient à inciter les opérateurs à se replier vers des hubs moins fiscalisés. La France, déjà affaiblie par ses choix fiscaux internes, risque une fuite des flux, des emplois et des investissements, avec un effet climatique nul, voire négatif.
La coalition elle-même est hétéroclite. Elle associe grandes puissances aériennes (France, Espagne) et micro-États ou pays peu connectés, sans vision stratégique commune. Cette diversité illustre l’absence de cadre homogène et compromet toute efficacité réelle.
Il est urgent de sortir d’une logique punitive, nationale et désorganisée. La seule réponse crédible est la mise en place d’une fiscalité mondiale du transport aérien, proportionnée, équitable et cohérente, dont les recettes seraient intégralement fléchées vers la décarbonation du secteur : soutien au SAF, le renouvellement des flottes, la modernisation des infrastructures et la recherche technologique. L’APNA appelle à remplacer l’idéologie par une stratégie, et à faire du transport aérien un levier de transformation, pas une cible de court-termisme fiscal.