Contrôleurs aériens : Organisation du travail versus sécurité des vols
En 2002, la Cour des comptes dénonçait «une organisation de travail décorrélée des impératifs de trafic au bénéfice d’un accroissement des temps de repos des contrôleurs», En 2010, la Cour des comptes revenait à la charge dans un nouveau rapport :« l'opacité persistait sur le suivi des présences, contrairement à ce qui était constaté dans les pays étrangers et que la volonté des syndicats de les conserver avait conduit à des dispositifs qui n'étaient pas à la hauteur des exigences de sécurité qui doivent prévaloir dans le contrôle aérien ». Encore en 2021, la Cour des comptes constatait qu’«aucun dispositif de pointage ou de contrôle du temps de travail des contrôleurs aérien n’avait été mis en place» malgré ses précédents rapports.
L'analyse de l'APNA :
Les rapports de la Cour des comptes se succèdent depuis 20 ans sans aucun changement. Pour la première fois, le BEA a le courage de chercher la cause racine d’un incident grave attribué à l’« absentéisme », brisant ainsi le consensus entre syndicats de contrôleurs et leur direction pour une « opacité » censée préserver la paix sociale. Les 65 jours de grèves de 2023, suivant les 254 jours de grèves de 2004 à 2016, ont montré l’inanité d’une telle politique. La victime de ce silence organisationnel est la sécurité des vols tel que décrit par le BEA : « le sujet de la réduction des présences effectives par rapport à celles prévues par le tableau de service et son impact éventuel en termes de sécurité n'est jamais abordé lors de l'analyse d'un événement de sécurité par la DSNA, ni au niveau local ni au niveau national ». Pourtant, la sécurité des vols repose sur une gestion des risques en trois étapes : 1. L’identification du risque. 2. L’évaluation du risque. 3. L’atténuation du risque à un niveau acceptable. Le silence organisationnel est par définition incompatible avec l'identification du risque et donc de la sécurité des vols. Selon plusieurs sources concordantes, les événements impliquant des contrôleurs sont en augmentation sensible sur les aéroports français.
Sources :
