Ryanair : La desserte régionale contre des subventions
Ryanair poursuit sa stratégie de pression sur les autorités nationales en annonçant une forte réduction de son activité en Espagne, après des mesures similaires en France. Cet hiver, la compagnie irlandaise va retirer plus d’un million de sièges et suspendre ses opérations dans plusieurs petits aéroports régionaux comme Saint-Jacques-de-Compostelle, Vigo, Tenerife Nord, Jerez et Valladolid.
La décision fait suite à la hausse de 6,5 % des taxes aéroportuaires décidée par Aena, l’opérateur public espagnol, ce qui représente seulement 68 centimes par passager après dix ans de stabilité tarifaire. Ryanair, première compagnie du pays en volume de passagers, menace ainsi un pan entier du tourisme espagnol, notamment aux Canaries où l’économie est totalement dépendante des liaisons aériennes.
Aena dénonce « une stratégie d’intimidation » et « d’extorsion », accusant la compagnie de chantage permanent aux subventions et d’une conception « ploutocratique » des relations avec les États. Plusieurs concurrents (Volotea, Wizz Air, Iberia Express) se sont immédiatement positionnés pour combler le vide, annonçant des augmentations de fréquences vers les Canaries.
L'analyse de l'APNA:
Cet épisode illustre une fois de plus la politique agressive de Ryanair vis-à-vis des aéroports régionaux européens : un véritable chantage aux subventions en échange du maintien de dessertes touristiques vitales. La hausse en cause – 68 centimes par passager – est insignifiante pour le client final, mais sert de prétexte pour cibler précisément les petits aéroports les plus dépendants, accentuant leur fragilité et maximisant la pression politique.
Ce modèle économique met en évidence les limites d’une aviation régionale livrée aux seules logiques low-cost : chantage aux aides publiques, retrait brutal dès que les conditions changent, et mise en concurrence artificielle des territoires. La réaction rapide d’autres compagnies démontre que la demande existe et que l’avenir de la connectivité régionale ne peut pas être abandonné aux diktats d’un seul acteur dominant. Pour les autorités espagnoles comme françaises, l’enjeu est désormais de poser un cadre stable, où la desserte du territoire ne soit pas conditionnée à une logique de rapport de force permanent avec une compagnie qui privilégie son pouvoir de nuisance à la continuité du service aérien.