Budget de l'aéroport de Saint-Étienne : les opposants enfoncent le clou et saisissent la justice

L’aéroport de Saint-Étienne, structure déficitaire depuis des années, continue de survivre sous perfusion d’argent public. Une association locale, Forez Agir, a saisi la justice pour excès de pouvoir, estimant que le département de la Loire ne peut plus légalement subventionner cet équipement depuis la loi NOTRe. En 2024, seuls 6 000 passagers ont transité par la plateforme, contre 170 000 en 2016 lorsque des compagnies low cost opéraient grâce à de généreuses aides publiques. Les opposants dénoncent une gabegie de 30 millions d’euros versés en quinze ans pour une infrastructure doublonnée par Lyon Saint-Exupéry et Lyon-Bron, situés à 80 km. Le syndicat mixte gestionnaire défend au contraire un outil de service public et de rayonnement territorial, avec quelques succès récents (ligne vers Béjaïa, vols charters). Mais la décision du tribunal pourrait faire jurisprudence et fragiliser l’ensemble du modèle économique des aéroports régionaux français.

L'analyse de l'APNA:

L’affaire stéphanoise illustre le malaise profond de l’écosystème aéroportuaire français, le plus dense d’Europe, mais aussi l’un des plus fragmentés. On y trouve une concurrence directe entre plateformes régionales voisines – souvent distantes de moins de 100 km – ce qui rend économiquement intenable la survie de nombreux petits aéroports. Certaines compagnies low cost, elles, savent parfaitement exploiter cette dispersion : en jouant les aéroports les uns contre les autres, elles obtiennent des subventions illégales, déguisées en « contrats marketing », que la justice peine à combattre dans des délais raisonnables.

La question posée dépasse donc le seul cas de Saint-Étienne : c’est celle d’une rationalisation de l’appareil aéroportuaire français, afin de concentrer les investissements sur des plateformes réellement utiles à la connectivité nationale et européenne, et de mettre fin à une logique de saupoudrage public. Tant que cette réflexion de fond ne sera pas menée, l’argent du contribuable continuera de soutenir artificiellement des aéroports sous-utilisés, sans bénéfice réel pour l’économie ni pour l’aménagement du territoire.

Ce débat rejoint par ailleurs le rapport parlementaire Arrighi, qui appelait dès cet été à une remise à plat de la carte aéroportuaire régionale et des financements publics qui la sous-tendent.

Sources : https://www.latribune.fr/territoire/2025-09-18/budget-de-l-aeroport-de-saint-etienne-les-opposants-enfoncent-le-clou-et-saisissent-la-justice-1032705.html

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