Air Corsica et Air France sauvent leur desserte subventionnée de Paris-Orly
Rien ne va changer dans le ciel corse, la collectivité territoriale de Corse devrait confirmer, d'ici à la fin du mois, le maintien de la desserte subventionnée de Paris-Orly au tandem Air Corsica-Air France, malgré une offre moins coûteuse de Volotea. C'est donc une double défaite pour Volotea, qui s'était déjà vu écartée de l'attribution des lignes Bastia/Marseille et Ajaccio/Marseille, réattribuées à Air Corsica en décembre. Cependant, le choix de la continuité avec Air Corsica ne réglera pas tous les problèmes. Outre le fait que la Collectivité territoriale, actionnaire à 67% d’Air Corsica, est à la fois juge et partie dans ce choix, la justification de subventions sur la desserte d'Orly reste contestable économiquement puisque 80% des passagers Orly-Corse ne sont pas des résidents Corses.
L'analyse de l'APNA :
La création de la Compagnie Corse Méditerranée (CCM) en 1989, devenue ensuite Air Corsica (7 ATR et 6 A320 en 2024) avait pour objet de garantir la maîtrise par l'Assemblée de Corse des liaisons aériennes de service public, subventionnées annuellement à plus de 80 millions d’euros dans le cadre de la continuité territoriale, un montant qui dépassera largement 100 millions dès cette année.
Air France a, petit et à petit, réduit sa présence sur la Corse, pour assurer environ un tiers de la desserte d'Orly, principalement sur les pointes d'activités, tout en maintenant ses escales corses représentant aujourd'hui environ 300 salariés, qui assistent principalement les vols d'Air Corsica au nom d'un accord scellé il y a plus de 30 ans.
Un paradoxe, alors que, dans le même temps, Air France a réduit ses activités dans les escales françaises continentales, après avoir sous-traité la majorité de ses escales internationales. Lors du prochain appel d'offre de desserte de la Corse qui aura lieu en 2027, le principe de continuité territoriale pourrait être remis en cause sur les lignes Corse-Orly, alors que le secteur A320 d'Air Corsica est très dépendant de cette attribution de délégation de service public. Le choix sera alors entre :
1- le retour au modèle original du "bord à bord" (Corse-Marseille/Nice) avec les seuls ATR et
2- le scénario de concurrence sur Orly et la croissance d'Air Corsica sur l'Europe et le bassin méditerranéen qui s'affranchirait de subventions tout en utilisant les 6 A320 actuels, sachant que la population résidente de l'île n'est que de 350.000 habitants et que la haute saison touristique a du mal à dépasser les mois de juillet/août.