L’arme des droits de douane punitifs au service de Boeing

L’offensive commerciale de Donald Trump, fondée sur la menace de droits de douane punitifs suivie de réductions conditionnées à l’achat de produits américains, a permis à Boeing de décrocher 422 commandes et engagements depuis le début de la guerre commerciale. Royaume-Uni, Japon, Indonésie, Cambodge, Qatar, Arabie Saoudite, la Suisse ou encore les Émirats ont accepté de passer de grosses commandes d’avions Boeing (787, 777, 737 Max) en échange d’allègements de taxes douanières. Résultat : Boeing rattrape rapidement son retard sur Airbus (699 commandes contre 501 à fin juillet 2025). Seules la Chine et l’Inde maintiennent pour l’instant un gel partiel ou total de leurs commandes publiques, en représailles, ce qui exclut temporairement Boeing de ces deux marchés majeurs, sans empêcher toutefois des livraisons à certaines compagnies privées

L'analyse de l'APNA:

Ce succès de Boeing illustre l’incohérence stratégique européenne. L’UE a déjà consenti à céder une partie de ses droits de trafic aérien avec les monarchies du Golfe ou de la Turquie, en échange de promesses d’achats d’avions, souvent vite oubliées. Aujourd’hui, l’Amérique joue plus fort, utilisant ses droits de douane comme levier commercial pour imposer ses Boeing dans les carnets de commandes. Même la Suisse, via Swiss filiale de Lufthansa, annonce accepter de réduire son excédent commercial avec les USA en achetant des Boeing.

L’absurdité est d’autant plus flagrante que, sans aides massives du gouvernement fédéral, Boeing aurait pu sombrer après ses multiples fiascos industriels et financiers, dans les avions commerciaux comme dans le spatial et le militaire. La faiblesse européenne pourrait aussi trouver racine dans un mal plus profond : les scandales comme le Qatargate, révélant une corruption au plus haut niveau européen, laissent planer le doute sur les raisons réelles de cette complaisance. Cette attitude, qui mine le rapport de force face aux États-Unis, contribue à détruire progressivement le tissu économique et la compétitivité des compagnies Major européennes et notamment française qui voient leur trafic vers l’Asie détourné vers les hubs d’Istanbul et du Golfe.

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/boeing-grand-gagnant-de-la-bataille-des-droits-de-douane-2181188

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