La famille Airbus A320 devrait dépasser en septembre le Boeing 737 en livraisons cumulées
Un cap historique va être franchi : dès septembre 2025, la famille Airbus A320 devrait dépasser le Boeing 737 en livraisons cumulées, devenant ainsi l’avion le plus produit de l’histoire.
Le Boeing 737, mis en service le 10 février 1968 chez Lufthansa, totalise environ 12 171 livraisons. Conçu dès l’origine avec un train court permettant une exploitation au sol autonome (escalier intégré, soutes non conteneurisées accessibles sans chariot élévateur), il a longtemps dominé le marché des monocouloirs. Mais cette architecture complique désormais l’intégration des moteurs de dernière génération, à fort taux de dilution et donc de diamètre plus élevé, menant à des solutions techniques comme le MCAS, au cœur des deux crashs de 2018 et 2020.
L’Airbus A320, entré en service le 8 avril 1988 chez Air France, enregistre déjà 12 151 livraisons et bénéficie d’une conception plus flexible dès l’origine : commandes de vol électriques, modularité de la famille (A319, A320, A321) et cross-crew qualification.
Mais c’est surtout le carnet de commandes total qui consacre Airbus : environ 7 134 A320 en backlog (dont ~72 % d’A321neo), contre 4 860 Boeing 737 encore à livrer.
L'analyse de l'APNA:
Ce basculement symbolise deux philosophies industrielles. Boeing a choisi de prolonger indéfiniment le 737, prisonnier d’un choix de conception des années 1960 : un train court pour simplifier l’exploitation au sol sans infrastructure. Cette solution, adaptée au monde d’alors, est devenue un handicap insurmontable à l’ère des moteurs à fort taux de dilution et de grand diamètre. L’ajout du MCAS illustre la dérive de compromis techniques imposés par une cellule vieillissante.
Airbus, de son côté, a privilégié la modularité de sa gamme et la commonalité cockpit. Si ce choix a permis une efficacité économique (cross-crew qualification), il s’est fait au détriment d’évolutions ergonomiques poussées : sidesticks non coordonnés, manettes de puissance figées, et donc interaction homme-machine encore limitée.
Aujourd’hui, Airbus étudie déjà l’avion de rupture successeur de l’A320, tandis que Boeing, fragilisé par ses difficultés industrielles et financières, n’a plus la capacité de concevoir un successeur crédible au 737. Et c’est ce renversement du leadership mondial de Seattle vers Toulouse que le président Trump veut remettre en cause par sa politique de droits de douane punitifs.
