Pilotes : une limite d’âge controversée à 67 ans à l’étude !

L’IATA a officiellement soumis à l’OACI une proposition visant à relever de 65 à 67 ans la limite d’âge recommandée pour les pilotes de ligne volant sur avions multipilotes. L’OACI avait déjà repoussé cette limite de 60 à 65 ans en 2006.

L’IATA justifie cette nouvelle extension par les progrès médicaux et l’amélioration de l’état de santé général, notamment dans une profession suivie de près par des examens médicaux réguliers. Elle avance que cette mesure permettrait de répondre à la demande croissante de pilotes dans le monde, tout en maintenant la sécurité grâce à un encadrement renforcé : suivi médical standardisé, promotion de la santé, dépistage ciblé.

Cette initiative a immédiatement suscité des oppositions, notamment de l’ALPA (Air Line Pilots Association, USA), qui y voit un changement « arbitraire » risquant de fragiliser le haut niveau de sécurité atteint. Aux États-Unis, la FAA aligne sa réglementation sur l’OACI avec une limite fixée à 65 ans, tandis que le Canada n’impose pas de limite. Le débat sur la pénurie de pilotes reste vif, mais la FAA s’est opposée à tout changement tant qu’aucune étude scientifique complète ne mesure les risques. L’Assemblée de l’OACI tranchera la question à l’automne.

L'analyse de l'APNA:

Du point de vue français, cette proposition soulève plusieurs enjeux majeurs :

1- Impact réel limité :

Selon la CRPN, l’âge moyen de départ des pilotes français est de 62 ans et 8 mois, et seuls 15 % vont jusqu’à 65 ans. En pratique, très peu prolongeraient jusqu’à 67 ans. L’argument de la lutte contre la pénurie de pilotes est donc fragile.

2- Pression médicale accrue :

L’EASA a déjà renforcé son référentiel médical (FCL-MED) avec davantage de contrôles à partir de 45 ans. Cela entraînera mécaniquement plus de pertes de licence avant 65 ans, et a fortiori avant 67 ans. L’effet net serait marginal sur les effectifs.

3- Une fausse pénurie en Europe :

Si les USA rencontrent des difficultés à cause de la règle des 1500 heures imposée avant l’embauche, en Europe la situation est différente : de nombreux jeunes pilotes diplômés (« low timers ») peinent à trouver un premier poste. La pénurie est davantage liée à un défaut d’anticipation des besoins ou à une capacité insuffisante de formation interne (QT et AEL) des compagnies qu’à un manque structurel de pilotes.

4- Évolutions technologiques concurrentes :

Airbus travaille déjà sur les Reduced Crew Operations (RCO), avec le Monopilot Cruise Operations (MCO) qui permet de réduire les renforts d’équipage sur long-courrier. Singapore Airlines a commandé le premier A350 MCO. Si cette logique s’impose, la question de l’âge maximal pourrait devenir secondaire face à la réduction du nombre de pilotes nécessaires en compagnies.

5-Enjeu de retraite en France :

Fixer la limite à 67 ans introduirait une symbolique dangereuse : 67 ans correspondent à l’âge de la retraite à taux plein en France. Cela pourrait rouvrir la question de l’harmonisation des régimes et alimenter les pressions pour la mutualisation des réserves de la CRPN avec d’autres caisses en difficulté.

👉 En conclusion, la proposition de l’IATA semble motivée davantage par des enjeux économiques et politiques que par une réelle nécessité opérationnelle.

Source : https://www.flightglobal.com/safety/alpa-opposes-iatas-push-for-67-year-pilot-retirement-age/164306.article

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