La sous-traitance devient le support du maintien d’un modèle social ?

Air France et Delta ont annoncé qu’elles ne souhaitaient plus être assistées par KLM à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol. Cette décision — révélée et motivée par KLM — concerne les prestations dites below the wing (chargement, remorquage, opérations piste), mais pas le traitement client (above the wing), qui reste assuré par KLM.

Le choix de se tourner vers un autre prestataire découle à la fois des grèves à répétition et du coût élevé du service d’escale assuré par KLM, mais aussi d’un rapport qualité-prix jugé insatisfaisant. Les deux compagnies cherchent désormais un prestataire alternatif parmi les cinq sociétés encore autorisées à Schiphol, tandis que l’aéroport souhaite réduire leur nombre à trois. KLM, qui se présentait jusqu’ici comme le meilleur employeur du secteur, voit son modèle remis en cause, quelques années après que sa filiale Transavia a elle-même choisi de sous-traiter ses escales pour réduire ses coûts.

Il faut aussi rappeler que les vols KLM à Paris-CDG ne sont plus traités par Air France depuis longtemps, illustrant que cette rationalisation n’est pas un tabou nouveau mais un mouvement structurel dans la gestion des escales inter-compagnies.

L'analyse de l'APNA:

Cet épisode illustre la complexité de l’équilibre entre excellence opérationnelle et soutenabilité économique au sein des grandes compagnies européennes. Les majors, confrontées à une pression concurrentielle croissante, arbitrent désormais entre le maintien d’un service intégré — garant de qualité et de contrôle — et la recherche d’économies rendue indispensable par la montée des coûts salariaux et réglementaires.

Si le coût d’une escale intégrée demeure en moyenne deux fois supérieur à celui d’une escale sous-traitée, le cœur du problème ne réside plus uniquement dans la « low-costisation » des services au sol, mais bien dans le rapport qualité/prix : payer plus cher n’a de sens que si le niveau de performance est au rendez-vous. Les tensions sociales, les grèves et les désorganisations internes fragilisent cette équation, amenant les compagnies à rechercher une meilleure efficacité, sans pour autant renier leur modèle social.

La sous-traitance apparaît ainsi moins comme une renonciation que comme un outil temporaire de maintien de compétitivité, permettant aux compagnies historiques de préserver leurs avantages sociaux tout en continuant à offrir un service conforme à leurs standards. Mais elle souligne surtout l’urgence d’une réforme du dialogue social et d’une redéfinition du périmètre d’intégration des métiers du sol, pour éviter qu’un modèle fondé sur la qualité et la cohésion ne s’effrite au fil des arbitrages économiques.

Source : https://www.telegraaf.nl/financieel/air-france-en-delta-willen-na-stakingen-niet-meer-door-klm-geholpen-worden-op-schiphol/93626958.html?utm_source=chatgpt.com

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