la CRPN dénonce les dérives de l’affrètement en Europe
La Caisse de Retraite du personnel Navigant (CRPNAC) dénonce les dérives des affrètements dont les montages ouvrent la porte à des comportements frauduleux tels que le contournement du droit du travail et le dumping social qui peuvent remettre en question la sécurité des vols. Selon des chiffres rapportés par Alain Regourd, président de la société Regourd Aviation spécialisée dans l'affrètement, et corroborés par Sandrine Johnson, directrice générale adjointe de la CRPN, pas moins de 920 000 heures ont été opérées l'an dernier sous le régime de l'ACMI. C'est 25 % de plus qu'en 2023. L’AESA a lancé une étude sur les facteurs socio-économiques de l'affrètement, identifiant des risques potentiels pour la culture et les performances de sécurité, la fatigue des équipages, avec des difficultés à contrôler leur temps de vol réel d'un affrètement à l'autre, la qualité et la régularité de la formation.
L'analyse de l'APNA:
En pleine expansion, l’affrètement en ACMI (Aircraft, Crew, Maintenance and Insurance), système de mise à disposition d’un avion et de son équipage, a été conçu pour un usage conjoncturel, mais devient une pratique systémique, notamment au sein du groupe Lufthansa depuis l’annulation des clauses périmétriques du champ de la grève par la Haute Cour allemande. Ainsi, 300 avions monocouloirs, basés à 70% en Europe de l’Est, opèrent en Europe en ACMI « avec des compagnies comme Avion Express, SmartLynx, SmartWings et d'autres qui, selon Alain Regourd, deviennent de vrais spécialistes de l'exercice ». Leurs pilotes sont le plus souvent obligés de travailler sous contrat d’indépendants en contrats précaires et parfois en « pay to fly » pourtant interdit en Europe.