La commission européenne au service des compagnies prédatrices du Golfe
Le Salon aéronautique de Dubaï 2025 illustre la rivalité intense entre Airbus et Boeing dans une région dont la flotte devrait dépasser 4 000 appareils en vingt ans, dont près de 3 000 gros-porteurs selon Boeing.
Airbus y réalise une avancée majeure : flydubai signe un MoU pour 150 A321neo, première ouverture significative de la compagnie – jusque-là entièrement fidèle à Boeing – vers l’avionneur européen. Flydubai exploite une centaine de 737 MAX et en attend plus d’une centaine d’autres. Cette bascule vise directement à renforcer le rôle de Dubaï dans l’objectif déclaré d’en faire « le plus grand aéroport du monde ».
En parallèle, Boeing consolide sa domination sur les gros-porteurs avec une nouvelle commande d’Emirates : 65 Boeing 777-9, portant son engagement total sur la famille 777X à 270 appareils. Emirates confirme le 777-9 comme axe central de sa croissance long-courrier.
Ainsi, tandis que flydubai s’ouvre pour la première fois massivement à Airbus, Emirates réaffirme son alliance stratégique avec Boeing, confirmant le Moyen-Orient comme théâtre majeur de la compétition entre les deux constructeurs
L'analyse de l'APNA:
La percée d’Airbus chez flydubai est un succès notable, mais elle rappelle surtout l’aveuglement de Bruxelles face à la stratégie prédatrice des hubs du Golfe. Depuis quinze ans, la Commission européenne accorde des droits de trafic sans exiger la moindre équité effective des conditions de concurrence.
Comment justifier que les intérêts de 500 millions d’Européens soient sacrifiés au bénéfice de marchés minuscules comme celui du Qatar ?
Cette asymétrie permet aux transporteurs du Golfe de capter le trafic long-courrier européen, tandis que nos compagnies supportent seules les contraintes fiscales, réglementaires et environnementales que leurs concurrents ignorent. Le refus de réexaminer un accord de ciel ouvert déséquilibré surprend d’autant plus que le Parlement européen a déjà été ébranlé par des scandales de corruption liés à ces acteurs.
Les transporteurs du Golfe agissent rationnellement ; la faute incombe à nos institutions, qui continuent d’abandonner la souveraineté aérienne européenne.
L’Union européenne cesse d’organiser elle-même la prédation de ses propres marchés au profit de concurrents qui ne lui doivent rien.
Les droits de trafic ne sont pas une loterie politique, mais un instrument de souveraineté aéronautique et industrielle européenne.