AF vs Emirates : Un différentiel de coûts externes de 5 milliards

Une étude du cabinet Asterès, commandée par la FNAM, confirme que la France est l’un des environnements les plus coûteux au monde pour l’exploitation aérienne.

En comparant un même vol long-courrier de 22.000 km vers l’Asie au départ de dix grands hubs mondiaux, la France apparaît presque systématiquement parmi les pays où les surcoûts imposés aux compagnies par les politiques publiques sont les plus élevés.

Pour une compagnie opérant depuis Paris-CDG, les surcoûts sont massifs :

  • Fiscalité : +10.660 € vs l’Allemagne, +12.923 € vs le Royaume-Uni, +22.048 € vs les Émirats.

  • Taxes et redevances aéroportuaires : jusqu’à +28.684 € par vol comparé à Istanbul.

  • Permis d’émissions européens (ETS) : +15.880 € vs Turquie ou Émirats.

Au total, ces charges représentent 129 € de surcoût par passager par rapport à un départ d’Istanbul.

Ces écarts contribuent à la baisse de la compétitivité des compagnies françaises, à la perte de parts de marché et à un recul inédit de la demande en France, notamment depuis la hausse des taxes sur les billets d’avion. Transavia et EasyJet confirment une baisse de la demande en France et une réduction de l’offre, quand d’autres pays européens affichent une croissance soutenue du trafic.

L'analyse de l'APNA:

Pour l’APNA, cette étude met en chiffres ce que tout le secteur dit depuis des années : le modèle français du transport aérien est devenu un repoussoir, résultant non pas de la concurrence internationale mais d’un choix politique assumé de rendre l’avion plus cher en France qu’ailleurs.

Le paradoxe est complet : la France, première destination touristique mondiale, terre de champions industriels (Airbus, Safran, Dassault), handicape ses propres compagnies par une fiscalité punitive, des taxes cumulatives et des obligations réglementaires que leurs concurrentes non-européennes n’ont pas à supporter.

Les surcoûts fiscaux atteignent désormais des niveaux tels qu’ils désincitent les transporteurs à opérer en France, et poussent mécaniquement les touristes internationaux à privilégier des destinations mieux-disantes fiscalement.

Cette situation renforce une dynamique dangereuse de « décompétitivité », avec, pour Air France, un différentiel de 5 milliards d’euros par an face aux Émirats.

À ce rythme, ce n’est pas le trafic aérien mondial qui va décroître : c’est la part française dans ce trafic. Et ce sont nos territoires, nos entreprises, et nos emplois aéronautiques qui en paieront le prix.

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/air-france-ces-milliards-qui-senvoleraient-a-cause-des-politiques-publiques-2199321

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