Boeing aux prémices d’une remise en cause socio organisationnelle et humaine
Le patron de Boeing a déclaré aux sénateurs américains que l’avionneur a commis de « graves faux pas ces dernières années » et s’engage à restaurer la confiance des consommateurs et des investisseurs. Il reconnait que la conception du logiciel antidécrochage MCAS avait contribué aux 2 crashes de B737 Max, survenus sur des avions neufs : « Nous avons apporté des changements radicaux aux personnes, aux processus et à la structure globale de notre entreprise. Bien qu’il nous reste encore du travail à accomplir, ces changements profonds reposent sur l’engagement profond de chacun d’entre nous envers la sécurité de nos produits et services. » Boeing soutient 1,8 million d’emplois aux Etats-Unis et contribue à hauteur de 84 milliards de dollars chaque année à l’économie du pays. Boeing a enregistré sa plus haute perte annuelle ces quatre dernières années, à hauteur de 11,8 milliards de dollars en 2024, contre 2,2 milliards en 2023.
L'analyse de l'APNA :
La reprise en main de la qualité de la production chez Boeing après ses 2 crashes de B737Max de 2018 et 2019, rappelle celle d’Air France après l’accident du l’AF 447 Rio Paris en 2009. Air France s’était alors interrogé sur les causes racines d’un accident majeur alors que ses indicateurs de sécurité étaient au vert. La mission externe chargée de cette analyse est revenue avec 38 recommandations dont l’obligation d’implication au plus haut niveau de l’entreprise de la mission de sécurité des vols, mais aussi à tous les niveaux hiérarchiques. Un comité de sécurité des vols (SV) a été institué au sein du conseil d’administration d’Air France, ainsi que l’inscription de la SV en tête de l’ordre du jour des Comex hebdomadaires, puis du choix de nommer la directrice générale en tant que « dirigeante responsable » au sens AESA de responsable de la SV. La remontée coordonnée d’information des acteurs opérationnels du terrain a été mise en place avec la création du Forum Syndical de Sécurité des Vols (FSSV), composé d’une trentaine d’agents opérationnels de tous les métiers, en capacité de réduire le silence organisationnel de la structure très hiérarchisée.
De son côté, Boeing semble encore aux prémices de cette remise en cause avec la reconnaissance par son nouveau président des erreurs passées. Il lui faudra aussi prendre conscience de la nécessité d’un changement de culture socio-organisationnel, qui avait donné la priorité aux résultats financiers, sur la qualité.