Ryanair : une condamnation 15 ans après les faits
La Commission européenne a condamné, le 22 septembre 2025, Ryanair à restituer 1,8 M€ perçus entre 2001 et 2011 auprès de l’aéroport de Carcassonne. Ces versements, obtenus via des accords commerciaux avec la CCI locale, sont jugés constitutifs d’aides publiques illégales faussant la concurrence. L’affaire avait démarré dès 2009 avec des plaintes et une enquête ouverte en 2012. En revanche, Bruxelles a validé 11,7 M€ d’aides publiques pour la modernisation des infrastructures de l’aéroport, jugées d’intérêt général. Ryanair, déjà coutumière de telles procédures, annonce faire appel et dénonce une application « partiale » du droit européen des aides d’État, tout en rappelant son rôle dans le développement touristique et économique des régions où elle s’implante.
L'analyse de l'APNA:
Ce jugement illustre une problématique récurrente : en 2025, on condamne des pratiques remontant à plus de quinze ans, initiées avant 2011 et dénoncées dès 2009. Autrement dit, les effets concurrentiels destructeurs ont déjà produit leurs conséquences depuis longtemps, et les montants à rembourser apparaissent dérisoires au regard des bénéfices engrangés par Ryanair. Le constat est simple : tricher rapporte davantage que respecter les règles, car l’amende – même majorée des intérêts – reste très inférieure aux gains compétitifs et financiers accumulés.
Pendant que les compagnies respectueuses des règles voient leurs marges et parts de marché laminées, Ryanair a pu imposer son modèle agressif dans de nombreux aéroports régionaux. Tant que l’Union européenne ne mettra pas en place un système de sanctions réellement dissuasives, proportionnées aux avantages illégalement acquis, la low cost irlandaise et d’autres acteurs continueront à jouer de cette stratégie : occuper le terrain, tuer la concurrence, puis gérer éventuellement un remboursement partiel, plusieurs années après.
👉 La question posée est donc claire : combien d’années faudra-t-il encore attendre pour que cessent ces condamnations symboliques et qu’enfin, le respect des règles prime sur la rentabilité du contournement de la loi.