Ryanair, un record à 200 millions de passagers dans une Europe laxiste
Avec sa flotte de 618 B737, Ryanair a dépassé le cap des 200 millions de passagers, record de l’aviation européenne grâce à la multiplication des promotions tarifaires, qui ont pesé sur la recette moyenne, en baisse de 7 %. Malgré cela, Ryanair reste le plus rentable des grands groupes de transport aérien européens avec un bénéfice net annuel à 1,61 milliard d'euros (en baisse de 16 %, pour un chiffre d'affaires en hausse de 4 %, à 13,95 milliards, à comparer au chiffre d’affaires d’AF-KLM qui dépasse 30 milliards pour un bénéfice inférieur au milliard). Cette baisse aurait été plus forte sans la hausse des revenus annexes - les suppléments bagages et autre choix de siège payant - dont le montant a augmenté de 10 %, à 4,72 milliards d'euros.
En revanche, la croissance de Ryanair continuera d'être freinée par les retards de livraisons de Boeing en 2025- 2026. Boeing lui a en effet livré 26 B737 de moins qu'attendu sur le dernier exercice, mais Ryanair confirme son objectif de 300 millions de passagers en 2034.
L'analyse de l'APNA :
Après avoir renoncé aux créneaux de décollage à Orly, le modèle de Ryanair reste la desserte d’aéroports régionaux permettant à la fois une rotation rapide de ses avions et un subventionnement maquillé en contrat marketing de la part des régions européennes. Le choix de Ryanair d’une relation exclusive avec Boeing lui a apporté un soutien de l’Eximbank (équivalent de la Coface aux USA) qui pourrait se monter à 10 milliards de dollars, mais qui pourrait lui couter le paiement de droits de douane dans le cadre de la guerre commerciale USA-Europe, sauf à ce que l’administration européenne regarde ailleurs lors des prochaines livraisons de Boeing vers Ryanair-UK, plutôt que vers ses compagnies aériennes européennes (Malta, Lauda, Buzz). En effet, l’accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni ne semble pas entraîner de droits de douane sur les avions commerciaux, contrairement aux droits de douane actuels USA-Europe. »
La multiplicité des sièges sociaux de Ryanair lui permet de se jouer des règles dans une Europe qui n’a jamais harmonisé le droit social et qui laisse se créer des pavillons de complaisance au sein même de ses pays membres. Ainsi, Malte a enregistré plus de mille avions commerciaux dont l’immense majorité ne s’est jamais posée sur son territoire. Pire, l’application des règles existantes, notamment concernant les aides régionales à l’ouverture de ligne, sont bafouées ouvertement par un maquillage en contrats marketing sans sanction réelle par une administration européenne dépassée.