L’évolution du prix du kérozène est un facteur majeur de l’équilibre économique des compagnies aériennes

Le prix du kérosène, qui constitue le premier poste de dépense des compagnies aériennes avec la masse salariale, devrait baisser en 2025 : l’IATA prévoit un baril moyen à 86 dollars, contre 99 dollars en 2024. Cette diminution représente une économie globale de 25 milliards de dollars pour le secteur. Cette respiration intervient alors que la production de carburants durables (SAF) progresse, même si elle reste marginale (0,7 % de la consommation mondiale, mais un doublement attendu en 2025).

Pour certaines compagnies comme Air France-KLM, la baisse du carburant a déjà permis de réduire fortement les pertes au premier trimestre 2025. Toutefois, cette amélioration reste fragile, car d’autres postes de coûts augmentent (maintenance, main-d’œuvre) et la demande en flotte moderne reste cruciale pour réduire la dépendance aux variations du prix du kérosène.

L'analyse de l'APNA:

L’impact du prix du carburant doit être relativisé par deux éléments :

  • La couverture des achats de carburant : la quasi-totalité des compagnies se couvre à plus de 70 % sur des horizons de 12 à 18 mois, ce qui crée un effet retard entre la variation des prix sur les marchés et leur traduction dans les comptes. Une baisse du baril en 2025 ne se reflétera donc que progressivement dans les bilans.

  • La comparaison avec les bénéfices : si l’économie annoncée par l’IATA est de 25 milliards de dollars, elle doit être mise en regard des bénéfices mondiaux attendus du secteur, estimés à environ 30 milliards de dollars. Autrement dit, le seul facteur carburant peut doubler ou diviser par deux la rentabilité globale d’une industrie qui reste structurellement fragile.

Pour l’APNA, cette sensibilité extrême au prix du kérosène justifie :

  1. Une modernisation accélérée des flottes avec des moteurs à haut taux de dilution, plus sobres.

  2. Une vigilance accrue des États : alourdir la fiscalité nationale sur un secteur aussi exposé aux marchés mondiaux (ex. projet français de taxation domestique) met directement en danger sa compétitivité.

  3. Une politique SAF crédible : l’augmentation de la production doit être soutenue par une trajectoire réaliste des coûts, faute de quoi les compagnies resteront prisonnières des fluctuations pétrolières.

En résumé, si la baisse du baril en 2025 constitue un soulagement bienvenu, elle ne doit pas masquer le caractère conjoncturel et fragile de cette amélioration qui dépend aussi des charges pesantes sur les compagnies aériennes et de l’évolution de la recette unitaire. La véritable clé de résilience reste l’investissement dans le renouvellement des flottes et une fiscalité non discriminatoire.

Source : https://www.boursorama.com/bourse/actualites/les-benefices-de-wizz-air-s-effondrent-en-raison-de-l-immobilisation-des-avions-les-actions-chutent-7166097c6c5d0a65b803354c9297c348

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