Le risque de délocalisation de l’industrie aéronautique française
Le président du Gifas et PDG d'Airbus, Guillaume Faury s'est félicité du retour de l'aéronautique française à son niveau d'avant-Covid avec un chiffre d'affaires total de 77,7 milliards d'euros, dont 57,4 milliards pour l'aéronautique civile (+10 %) et 20,3 milliards pour le militaire (+13 %). Mais si l'aéronautique française a repris de l'altitude, elle n'est pas encore sortie des nuages et continue de voler sans grande visibilité puisqu’avec des exportations représentant 82 % du chiffre d'affaires de la filière (51,2 milliards d'euros), elle ne peut que s’interroger sur les conséquences de la guerre commerciale entre l'Union européenne et les Etats-Unis en cas de droits de douane réciproques. La demande du Gifas est que l'Union européenne se limite à des droits de douane équivalents sur les Boeing importés en Europe, mais pas sur les pièces aéronautiques américaines nécessaires à la fabrication des avions européens. Ceci afin de ne pas pénaliser les industriels européens.
L'analyse de l'APNA :
Le GIFAS (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) représente 500 entreprises adhérentes qui ont embauché 29.000 salariés en 2024. Alors que contrainte par son approvisionnement en matières premières et sa filière logistique sous tension, l’industrie aéronautique française ne peut que s’interroger sur son intérêt d’assurer sa croissance aux Etats-Unis afin de répondre ainsi à la fois aux risques de guerre commerciale, mais aussi d’échapper à l'inflation des charges et des normes telles que la taxinomie ou la CSRD [qui oblige les entreprises à documenter la durabilité de leurs activités NDLR] comportant plus d'un millier de points de mesures à reporter : « Aux Etats-Unis, on innove ; en Chine, on planifie et en Europe, on taxe et on réglemente... sans simplification, les entreprises feront leur croissance ailleurs ».
Actuellement seuls 10% des Airbus et 100% des Boeing sont produits aux Etats-Unis, alors que Boeing et Airbus utilisent tous les deux des composants venant de chaque côté de l’Atlantique, qui risquent de subir des droits de douane augmentant largement leurs coûts.