Boeing, un constructeur en péril

Après les deux crashes de 2018 et 2019, et ses multiples incidents mettant en cause sa qualité de production, Boeing a été contrainte par la FAA à une production réduite. La grève de l’automne dernier, stoppant la production pendant près de trois mois, s’est ajoutée aux pressions sur une chaîne logistique déjà proche de l’insolvabilité, et qui, de plus, a perdu une partie de ses compétences mises en chômage technique. La remontée en production vers 30 B737 par mois ne sera atteinte qu’à la fin 2025, alors que les compagnies s’impatientent de la livraison des 6200 avions qu’elles ont commandés. Boeing garde quand même l’avantage sur Airbus dans le seul secteur des avions long-courriers avec son B787 et le B777X à la certification déjà retardée de 5 ans. Le carnet de commandes de Boeing représente 430 Md$, dont 60 Md$ pour la défense et l’espace, avec un risque sur sa rentabilité par l’inflation de ses coûts en raison des augmentations prévisibles des droits de douanes sur ses composants et matières premières importées, avec l’arrivée de Donald Trump.

L'analyse de l'APNA:

« Too Big To Fail », c’est l’adage qui s’applique à une société qui aurait pu faire faillite si elle n’était pas un porte-étendard de l’Amérique. Avec 58 Md$ de dettes et 31 Md$ de pertes cumulées depuis 2020, une capacité de production de moitié inférieure à sa belle époque de 2018, Boeing a été sauvée par les banques américaines qui lui ont apporté 15 Md$ de trésorerie et ont participé à son augmentation de capital de 21 Md$, misant sur ses 6 200 avions en commandes et ses 83 milliards de stock, dont 400 avions parqués depuis 2020. Son avenir est donc assuré à court terme, mais il lui faudra lancer l’étude d’un successeur à son B737 Max d’ici 2030 pour une mise en ligne vers 2040, sachant que la rentabilité d’un nouveau modèle n’arrive pas avant le 500e avion, alors qu’Airbus s’est déjà lancé dans l’étude de son futur « avion de rupture » pour une mise en ligne en 2035. Airbus garde ainsi une longueur d’avance, face à Boeing mais aussi face à la Chine, qui se donne les moyens étatiques de casser le duopole américano-européen d’ici 2050.

Source : https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/boeing-le-geant-qui-vacille-3-3-dominer-a-nouveau-1015590.html

Précédent
Précédent

Une taxation destructrice d’emploi : le déclin de l’aviation française

Suivant
Suivant

Le transport aérien face à la demande de justice sociale