Boeing ou la financiarisation à outrance
Depuis sa fusion avec McDonnell Douglas en 1997, Boeing a privilégié ses actionnaires sur ses investissements. Sur cinq ans, entre 2014 et 2018, période durant laquelle il développait le 737 MAX, l'avionneur américain a déboursé 39 milliards de dollars en dividendes et rachats d'actions, pour moins de 11 milliards d'investissements. De quoi réduire son nombre d'actions en circulation de 25 % et faire alors tripler son cours de Bourse. Airbus, de son côté, accumulait sur la même période environ 15 milliards d'investissements pour moins de 6 milliards de dividendes et rachats d'actions. L'impact du changement de culture chez Boeing était perceptible jusque dans la composition de son conseil d'administration : les ingénieurs y étaient encore majoritaires en 1997, alors qu'ils n'étaient plus que 23 % en 2020. Dans le même temps, l'emprise des financiers n'a fait que croître, passant de 23 % du conseil en 1997 à plus de 60 % en 2020.
L'analyse de l'APNA :
Selon les Echos, « Orson Welles n'éprouvait que deux émotions en avion, l'ennui et la peur. Il ne pouvait pas connaître, bien sûr, le B-737 Max : le fleuron de Boeing ne conçoit de monotonie que celles de ses innombrables avanies, et concentre depuis cinq ans le ressenti de ses actionnaires uniquement sur la frayeur». Les 24 milliards de dollars de perte nette cumulée et la baisse de 45% de son cours de Bourse depuis 2019, permet à Airbus d’approcher aujourd’hui la capitalisation boursière du géant américain. Dans l’incapacité d’augmenter notoirement leurs livraisons d’avion avec un carnet de commande complet pour les 8 prochaines années, Boeing et Airbus sont dans un duopole sans risque pour la survie de l’ex-géant américain.