La formation des pilotes est un remède à la dégradation de la sécurité des vols

Le dernier rapport de l’OACI sur la sécurité aérienne mondiale montre une nette dégradation en 2024 : 95 accidents d’avions de ligne (contre 66 en 2023), soit une hausse de 43,9 %. Le taux d’accident est monté à 2,56 par million de vols (+36,8 %). Les conséquences humaines sont lourdes : 296 décès contre 72 l’année précédente, avec 10 accidents mortels (contre 1 en 2023).

Quatre catégories à haut risque sont identifiées : impact sans perte de contrôle, perte de contrôle en vol, collision en vol et incursion sur piste. À noter aussi : les turbulences sont à l’origine de près des trois-quarts des blessures graves.

Ces chiffres interviennent alors que le trafic aérien a retrouvé et dépassé son niveau pré-Covid avec 4,528 milliards de passagers transportés en 2024, soit +8,6 % en un an et plus de 37 millions de départs mondiaux.

L'analyse de l'APNA:

Cette évolution préoccupante rappelle que la formation des équipages est un pilier fondamental de la sécurité aérienne. L’OACI souligne le besoin d’une action collective, mais la réponse passe surtout par une adaptation des méthodes pédagogiques. Le passage au CBTA (Competency Based Training and Assessment) doit être généralisé : il ne s’agit plus seulement de valider un volume d'heures ou la bonne application des procédures, mais de consolider et développer les compétences des acteurs de première ligne de manière qu’ils puissent faire face à toutes sortes de situations.

L’innovation réside désormais dans l’usage de l’intelligence artificielle appliquée aux données des capteurs. Chaque vol d’entrainement et de contrôle au simulateur génère une mine d’informations sur la gestion de trajectoire, l’utilisation des automatismes, l'exécution des tâches ou encore la mobilisation des compétences non techniques dans la gestion des aléas. L’exploitation de ces données permettrait d’identifier précocement les facteurs contributifs aux écarts entre les résultats attendus et l’activité réelle, et de proposer ainsi des solutions individualisées avant que l’écart ne devienne critique pour la performance en sécurité.

Mise en œuvre dès la formation initiale, et étendue avec ces mêmes critères aux sélections d’entrée en compagnie, à la formation et aux entrainements tout au long de la carrière, permettrait :

  • un suivi personnalisé de chaque pilote,

  • une détection anticipée des fragilités,

  • Un parcours individualisé adapté aux besoins du pilote, évitant que le niveau professionnel diminue en-dessous d’un seuil acceptable pour la compagnie.

C’est une évolution de fond : l’aéronautique doit s’inspirer de la médecine préventive. Au lieu de traiter les « symptômes » après un accident, le CBTA enrichi par l’IA offre une capacité de traitement des causes avant la survenue de l’incident ou l'accident. Dans un contexte où le trafic mondial croît fortement, c’est une voie à privilégier pour tendre vers les objectifs de sécurité des vols dans le transport aérien commercial.

Source : https://www.aerobuzz.fr/transport-aerien/loaci-pointe-une-augmentation-du-nombre-daccidents-davions-de-ligne/

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